Ce concert tresse un fil rouge entre trois visions du combat, à mi-chemin entre prouesse technique et fatalité.
Helix d’Esa Pekka-Salonen ouvre le programme par un tourbillon orchestral virtuose, où les pupitres s’entrelacent en spirales sonores déployant une énergie mécanique et organique. Puis Dorota Anderszewska, notre violon solo supersoliste, affronte le redoutable Concerto n°2 de Prokofiev, alliant âpreté rythmique et tendre lyrisme, pour atteindre un équilibre parfait entre sarcasme et mélancolie. Son violon tour à tour acéré dans le scherzo diabolique, chantant dans le thème nostalgique du premier mouvement, révèle toute l’ambivalence du compositeur russe en exil. Quant au chef Roderick Cox, il sculpte de son geste précis la colère et l’espoir de Chostakovitch dans la Symphonie n°10 qui clôt majestueusement cette soirée. Des murmures oppressés des cordes à l’explosion libératrice du finale, elle cristallise sa remarquable résilience face aux tourments staliniens. Un passionnant dialogue entre virtuosité instrumentale et profondeur humaine.